copyright Paola Quilici
ici pour ouvrir un passage, donc
j’invoque la cuillère dont le manche que j’épouse de chacun de mes doigts et je dis
"Je la tiens comme on tiens une cigarette"
c’est à dire pas comme se tient une cigarette mais comme un fumeur est fumeur parce qu’il
tiens une cigarette.
J'entends par là qu'elle a l'évidence d'un geste et que la tordre ne suffit pas à l'en défaire
La cuillère a ceci de doux que je la connais,
et ma bouche la connaît aussi et son nom de faire mimer à mes lèvres et épouser son
convexe
je la connais si bien que je la reconnais même informe, elle se dissemble
proportionnellement à ce qu'elle se ressemble (comme toute chose qui dissemble et comme
toute chose qui ressemble)
la cuillère est des récipients ancestraux l'un des premiers.
C'est un objet de la main et c'est de la main qu'on le tiens et comme tout part de la main
Elle est née du trajet du plat à la bouche et pour que la main ne glisse le
manche et pour que je la formule le nom (qui fait à mes lèvres mimer et
épouser son convexe.)
Torsion de cuillère c'est torsion de l 'esprit. Qu'elle soit effective ou non la torsion est affaire
d'inattention donc d'attention.
Tout ce qui n'est pas étant d'autant plus par annulation.
Cuillère une fois tordue devient Pas-cuillère
et donc d'autant plus cuillère.
Pas-elle parce que pour la tordre il faut l'oublier de même qu'il faut
s'en ressouvenir pour la constater tordue.
Pour qu'elle soit pas-cuillère sans "ne" soit sans qu'elle se nie c'est qu'elle est
absolument
cuillère. Je ne peux lui apposer ce "pas" sans "ne" que parcequ'elle existe. Or je ne
peux oublier que ce qui existe déjà.
par là même, parvenir à la torsion d'une forme indicible, c'est parvenir à faire exister depuis
déjà la forme indicible. Ici j'ai cuillère, mais si j'avais chose qui n'a pas de nom, pourrais-je la
tordre?
Là reside tout un corps de pensée essentiel
et je ne peux dire de quelque chose qu'il est tordu que s'il existe absolument
sinon sinon il est autre et alors je ne peux pas le dire tordu. Si je tord si bien
cuillère qu'elle devient clef. Il n'y a plus de cuillère. Et je n'ancre rien de tout ça dans le
temps, ce qui est cuillère est ensuite clef, l'autre supprimant l'existance de l'un et son
souvenir.
Pas-cuillère donc, puisqu'une fois tordue elle n'a plus tout a fait sa forme mais toujours son
nom
plus tout a fait sa fonction mais d'autant plus sa fonction
Il faut oublier la cuillère pour la tordre , il en est ainsi de toute torsion.
Et pour l'oublier il me faut une distraction.
S 'il y a devant moi une cuillère et derrière elle un papillon que je me désinterresse de
la cuillère pour me laisser distraire par le papillon la cuillère s'ecarte pour laisser
passer mon attention et le papillon.
il y a là une sensualité, une mécanique voluptueuse, un jeux des
désuétudes, entre des choses portant des noms et d'autres des rôles. D'ailleurs les
mentalistes et les magiciens exercent et déploient eux-mêmes ce contrat comme un
pentacle de signes.
La cuillère est un objet le mentaliste tord aussi les clefs la clef est un objet
la distraction peut être un papillon ou la flamme qui pare les bougies qui
elles sont des objets aussi.
D'ailleurs si la cuillère se tordait continuellement sous des regards de hiboux
circonspects comme pour laisser passer des papillons, elle ressemblerait dans sa danse à
une flamme et pourrait me servir à tordre .
comme les hiboux
qui en tournant la tete circonspect circonscrivent et dessinent le contour en creux d'un trou
en forme de pas-cuillère le propre d'un trou étant de n'être pas quelque chose et le
propre de l'attention étant de déformer l'espace-sens Voilà ce que fais la cuillère et voilà
le pouvoir du hibou qui dans le champs des signes est le témoin mentaliste dont la
circonspection fait ployer cuillères clefs bougies en generant par là-même papillons et
flammes.
Clef et cuillère diffèrent mais c'est pareil pour les clefs à ceci près qu'une cuillère
s'oublie plus facilement qu'une clef et les clefs sont plus bavardes que les cuillères.
S’il y a des clefs il y a des portes et s'il y a des clefs tordues il y a des portes molles.
La cuillère vient de la main et la main s'oublie facilement
c'est des choses l'une la plus facile à tordre sans qu'elle ne devienne pas-main.
une clef tordue quant à elle ressemble toujours à une clef tordue. S'il y a des clefs tordues
et il y a des portes à serrures il y a des clefs molles.
La cuillère s’oublie plus facilement que la clef parce que des récipients ancestraux c’est l’un
des premiers. La clef ne vient qu’après les couvercles. Le trajet du plat à la bouche se passe
de couvercle.
C’est par des détours seulement qu’on effleure
et en effet c’est par des détours seulement.
par les bords, les contours, des bords comme ceux qui dessinent les trous
qu’on effleure.
Je parle des trous d'une part parce que le trou est un pas-quelque chose, et
d'autre part par ce que les clefs s'y glissent
et toujours un trou quelque chose s'y glisse
on peut donc prendre du plaisir à ne pas
si objet ou sujet celui que je tiens
et donc à ne pas-cuillère
Du plaisir à ne pas-cuillère c’est à dire du plaisir dans sa danse sensuelle
cambrant cabrant sous les regards des hiboux s'enroulant autour du trou comme une
langue dans une oreille comme une flamme qui dans les remous danse un peu ou
comme un poil qui ploie comme une flamme ploie sous la paume en prenant justement
juste là du plaisir à ne pas
si objet ou sujet celui que mon esprit lèche comme une langue
ou une flamme
ou un poil autour d'un trou
Et moi même n'étant pas cuillère ni hibou ni clef ni papillon ni bougie donc tout pas-ça en
meme temps et tout pas ça en même tous vous êtes aussi et tous disponible à ne
pas
si objet ou sujet celui que l'on tient
Maintenant ça
armé dans ma main donc brandit mais que je n'assenne ni ne fulmine se
tord parce que je ne tiens pas trop à ce que c’est et que passant de ce qu’il y
a devant à ce qu’il y a derrière s’écarte pour laisser passer mon attention.
Pas-quelque chose dans ma main. Si on ne tiens pas trop à ce que c’est en pensée mais
tenue fermement par contre ploie comme une flamme poil ploie sous des caresses comme
on joue avec une flamme qui du regard dans les remous comme si du regard des
hiboux dans les remous danse un peu si on ne tiens pas trop à ce que c’est qu’on ne sait
trop ce qui s’enroule autour de quoi, comme un poil souple qui ploie comme une flamme
sous des caresses ou une flamme qui du regard dans les remous danse un peu comme un
papillon et qu'on regarde comme les hiboux.
D'ailleurs la flamme ploie comme un poil ploie sous la caresse qui sous la paume
résiste mais ne résiste pas, s'affaisse. En prenant justement juste là du plaisir à ne pas
si objet ou sujet celui que je tiens
(la cuillère a la forme d'elle même, j'ai toujours cherchée une cuillère pour dire. On dit d'elle qu'elle vient du bol, et que le bol vient des deux mains jointes.)
regarde moi-ça
main aussi concave que yeux convexe
ici pour ouvrir un passage
j'invoque la cuillère dont le fil et le manche que j'épouse de chacun de mes doigts
je la tiens comme on tiens une cigarette, c'est à dire pas comme se tient une cigarette, mais comme un fumeur est fumeur parce qu'il tiens une cigarette.
il faut oublier la cuillère pour la tordre, pareil pour la clef
ensuite c'est une cuillère tordue, pareil pour la clef
la cuillère, parce qu'elle se dissemble une fois difforme, ressemble alors fatalement à autre chose. C'est sans doute le fait de sa forme simple, évidente résultante de sa fonction. la cuillère est là depuis plus longtemps que la clef. la cuillère est l'étape qui a succédé à la nécessité qu'on connaît, celle de transporter du récipient à la bouche. Elle est des contenants ancestraux l'un des premiers. On la connait donc presque aussi bien que la main. On oublie facilement une main le temps de faire d'elle un oiseau ou un chien. La cuillère s'oublie donc aussi facilement et ressemble aussi vite qu'elle se dissemble. Elle est en ça une des choses les plus facile à tordre.
une clef tordue cependant
ressemble toujours à une clef tordue. à la rigueur elle s'animalise, elle s'être. On peut dire d'une clef tordu qu'elle gît, qu'elle rampe, qu'elle se glisse, qu'elle s'enroule, qu'elle épouse. D'une cuillère tordue aussi, mais alors même qu'elle gît, qu'elle rampe, qu'elle se glisse, qu'elle s'enroule, qu'elle épouse, elle ressemble aussi. Une clef tordue aussi, mais alors même qu'elle ressemble, c'est diffus, parce que c'est une clef tordue.
si la maison est aussi des contenants ancestraux un des premiers, la porte, comme le couvercle, arrivent bien plus tard. on a jamais mis de couvercle sur les cuillères puisque le trajet du plat à la bouche ne le nécessite pas. Et aussi sans doute le couvercle comme la porte n'est pas historie de transport, mais de garder. Il faut que j'ai pour donner.
il faut arriver a produire l'objet de sorte qu'il semble exister depuis toujours
or il faut pour inventer suivre la logique de l'emergence resultante d'une evolution.
même le surgissement extraterrestre suggere une genese incompressible meme si incomprehensible.
l'aiguille n'a pas surgit, l'aiguille a surgit mais du bris d'os et de l'echarde, du ligament et de la peau
les conditions d'apparition du geste sont invisible mais participe de l'evidence de la forme
il faut l'evidence de la forme a la forme pour etre remise en question
la cuillere de reve cest présenter une cuillere pour oublier la cuillere et voir la cuillere
et aussi presenter la cuillere pour se souvenir de la cuillere et constater la cuillere
c'est precisement cette torsion de l'esprit qu’opère la télékinésie